Emplois aberrants de quelques prépositions dans le français des acadiens
Abstract
Un des signes révélateurs très sûrs de l'origine acadienne d'un texte prétendument écrit en français commun est l’emploi aberrant de certaines prépositions. On remarqera d’abord des anglicismes ou américanismes plus ou moins voyants (du à, à part de, pour pour "pendant", par pour "sur" dans l'expression des mesures; des constructions du genre de consister de, demander pour dépendre sur). On relèvera ensuite des formes devenues adverbiales dans le français commun encore employées ici comme prépositions, entre autres dessous, des constructions plus ou moins archaïques outre Atlantique (vis-à-vis sans "de", à exprimant la possession et particulièrement la filiation, à chaque et à tous les avec un mot exprimant le temps, aimer de, encourager de, inviter de). L'éventuelle reprise des prépositions à et de après et et ou ne se fait pas toujours ici comme en Europe. Après et et ou, souvent les prépositions à et de ne sont pas reprises et la contraction éventuelle de l'article ne se fait pas nécessairement; ou encore diverses prépositions peuvent être remplacées par de. En Acadie, le système prépositionnel a gardé de l'époque préclassique (et même de l'époque classique) de nombreuses constructions devenues archaïques en Europe. Mais son instabilité a sans doute favorisé l'intrusion de plusieurs anglicismes.